Docteur Pierre NAHON

Chirurgien
Chirurgie Plastique, Reconstructrice et Esthétique


LES GRANDES QUESTIONS > Les chirurgiens > Vrais et faux chirurgiens

Les vraies compétences des chirurgiens


Chirurgie esthétique : vrais et faux chirurgiens

Le cursus du vrai chirurgien esthétique

La délivrance de la qualification de chirurgie esthétique

Il reste à ce jour une aberration de taille dans la délivrance de la qualification de chirurgie plastique reconstructrice esthétique. En effet, le Conseil de l’Ordre des Médecins accorde la qualification de chirurgie esthétique à des praticiens non chirurgiens. Ces derniers suivent des cursus de spécialités dès le départ de leur formation. Ils se forment principalement en oto-rhino-laryngologie, en stomatologie, en chirurgie maxillo-faciale, en ophtalmologie, voire même en dermatologie, et acquièrent une compétence parallèle de chirurgie plastique. Ils peuvent ensuite être qualifiés théoriquement dans leur spécialité d’origine pour la chirurgie plastique, mais ne sont autorisés à pratiquer des actes de chirurgie esthétique que dans le cadre de cette spécialité. Un O.R.L., par exemple, pourra faire des rhinoplasties esthétiques. Or ces différents praticiens ont aussi la possibilité de faire disparaître leur spécialité d’origine, et de se présenter alors comme de « véritables chirurgiens plasticiens ».
Il se trouve cependant qu’il y a une différence de taille entre la formation complète de chirurgien et ces formations partielles. L’apprentissage de la chirurgie générale est indispensable pour le bon exercice de la chirurgie esthétique. Le meilleur cursus est bien sans nul doute d’avoir appris toute la chirurgie avant de se spécialiser en chirurgie plastique et esthétique. On sait ainsi intervenir sur toutes les régions et tous les tissus du corps humain. La spécialisation de chirurgie plastique et esthétique s’effectue elle aussi, ensuite, pour la totalité du corps. Enfin, la formation chirurgicale, au-delà de son aspect technique, inculque une discipline morale. L’école de chirurgie, par sa difficulté, est une véritable éducation scientifique et humaine. [Les valeurs enseignées sont le respect du malade, du corps humain, les notions de responsabilité, de devoir et de courage. Cette formation qui constitue la sécurité des patients a malhereuseument disparu du cursus des jeunes praticiens. Les plasticiens actuels ne sont plus qualifiés en chirurgie générale et ne connaissent donc pas la chirurgie. Leur formation est limitée à la chirurgie plastique et ils se retrouvent souvent en difficulté sur bon nombre d’interventions. Il est important et parfaitement légitime de bien connaître le parcours du praticien à qui l’on fait face. Il n’y a aucune honte ni crainte à lui demander de voir ce cursus noir sur blanc. Les bons assureurs refusent d’ailleurs aujourd’hui d’assurer les praticiens dénués de la qualification de chirurgie générale en même temps que celle de chirurgie plastique et esthétique.

Enfin, paradoxalement, les services formateurs en chirurgie plastique reconstructrice et esthétique sont moins nombreux qu’il y a 20 ans, alors que le nombre de postulants est en constante augmentation. La qualité de la formation est donc moins bonne. Au total, tous les chirurgiens ne reçoivent pas le même enseignement, présentent donc des compétences différentes, et quelquefois, afin de détourner leurs patients de ce manque de connaissance, tentent de faire croire qu’ils sont spécialisés dans une petite partie de la chirurgie esthétique, comme les paupières ou le nez. En réalité, ce sont bien souvent les seules interventions qu’ils sont capables de faire !